Afrique : Le président João Lourenço, artisan d’un nouveau dialogue entre l’Union africaine et les États du Sahel

Dans un contexte où le fossé s’est creusé entre l’Union africaine (UA) et la Confédération des États du Sahel (AES), le président angolais João Lourenço, président en exercice de l’UA, mène une médiation audacieuse et salutaire. À travers un dialogue direct avec les autorités de transition du Mali, du Niger et du Burkina Faso, il tente de réparer les fractures institutionnelles qui menacent l’unité du continent.
Depuis le début de son mandat, João Lourenço a adopté une posture résolument pragmatique, refusant de se plier aux diktats extérieurs qui cherchent à isoler les États sahéliens sous prétexte de coups d’État. Au contraire, il reconnaît la complexité des dynamiques locales et l’urgence sécuritaire qui sévit dans cette région stratégique du continent. Son entretien téléphonique récent avec le général Abdourahamane Tiani du Niger, couplé à l’envoi du ministre des Affaires étrangères angolais, Tete António, dans les capitales de l’AES, marque un tournant : celui d’une diplomatie de souveraineté, lucide et panafricaine.
Le rejet par les États de l’AES d’un certain paternalisme institutionnel trouve ici un écho favorable. Ils n’acceptent plus d’être relégués au rang de simples sujets de sanctions, exclus des sommets où se décident pourtant leur sort. João Lourenço comprend que le panafricanisme du XXIe siècle ne peut se bâtir sur la marginalisation de peuples entiers, mais sur le dialogue, la reconnaissance mutuelle et la co-construction sécuritaire.
L’Union Africaine, sous sa présidence, semble amorcer un changement de cap. La nomination du Dr Mamadou Tangara comme Représentant spécial au Mali et au Sahel en est un autre signe fort. L’Angola, acteur jusque-là discret sur la scène diplomatique africaine, assume aujourd’hui un rôle de trait d’union entre l’institution continentale et les États sahéliens en quête de respect et de souveraineté.
La relance du dialogue UA-AES portée par Luanda ne vise pas à légitimer des régimes de transition, mais à refuser l’enlisement du statu quo. Le terrorisme, les crises humanitaires et l’instabilité ne peuvent être combattus sans une coopération sincère. L’heure est à une diplomatie africaine affranchie, responsable, et tournée vers les réalités du terrain.